lundi, octobre 20, 2008

Kenneth Oppel : Fils du ciel / Brise-ciel

J'avais aimé sa trilogie sur les chauves-souris, mais ces deux romans forment un tout tellement palpitant et époustouflant que je fais un nouveau billet sur Kenneth Oppel.

Avec la même originalité que l'univers de Silverwings, il batit tout un univers proche du notre et différent à la fois, une Uchronie comme disent les specialistes.
Mais là où on avait parfois un peu de mal à s'émouvoir pour des chauves-souris, l'empathie et l'identification fonctionnent à plein avec des humains.

Les anglais parlent d'alternate history, terme plus parlant qu'Uchronie. Ici on imagine que le principe des avions n'a pas été découvert et que les dirigeables ont été perfectionnés et généralisés autant que les avions de nos jours. C'est la plus visible mais pas la seule différence technologique entre cet univers et le notre. Des différences dans les échanges commerciaux, les transports de personnes, l'économie mondiale, mais aussi les lois et ceux qui les transgressent, en découlent logiquement.

En même temps qu'on découvre ce monde on est embarqué à bord d'un aérostat et d'une multitude d'aventures faisant intervenir un animal mythique, mi chat sauvage mi oiseau, des pirates de l'air, des épaves flottant à la dérive, des tempêtes, une ile mystérieuse, cela fourmille de références à Jules Verne, voire H.G. Wells, ou à des légendes de notre monde tel le Hollandais Volant et son vaisseau fantôme, mais également aux expéditions des grands explorateurs des siècles passés.

Sensément être un livre pour la jeunesse, les principaux héros de ce diptyque sont des adolescents, aux caractères réalistes et bien dessinés, et dont les confrontations avec des adultes restent vraisemblables. Une belle mais pas insipide histoire d'amour entre Kate et Matt ajoute au suspense haletant, suspense se renouvelant sans cesse dans des rebondissements souvent inattendus quoique réalistes eux aussi.
Un sommet du roman d'aventures.

lundi, octobre 13, 2008

Patricia C. Wrede : Cendorine

On le sait depuis quelques années, les princesses ne sont plus ce qu'elles étaient et les contes non plus.

Dans celui-ci, si les princesses vont encore pour la plupart se faire capturer par des dragons pour être sauvées ensuite par un prince et l'épouser, Cendorine va d'elle-même s'emprisonner chez un dragon afin d'échapper au contraire aux princes et leurs projets matrimoniaux...

Elle n'aime pas broder ni se pomponner mais fait très bien les crêpes suzette et laver les sols, ce qui lui servira contre les sorciers lorsqu'elle découvrira qu'ils fondent et disparaissent lorsqu'on leur renverse dessus un seau d'eau savonneuse avec un filet de citron.

Elle rencontrera bien un prince mais un prince un peu spécial, le genre à déboucher les éviers avec son épée magique, efficacement en plus.
Elle même n'est pas manchote à l'épée ni avec les formules magiques.

Elle sait parfaitement jouer la princesse stupide et superficielle quand il s'agit de paraitre inoffensive et déjouer brillamment les complots de sorciers machos et bêtes à manger du foin.

Comme il ne fait pas être tout de même trop impertinent, tout cela finira par un beau mariage royal. On n'est pas tout à fait dans Shrek mais nul doute qu'on s'en inspire. Et on s'amuse bien à lire les aventures décalées d'une damoiselle intrépide entre dragons paternalistes, sorciers énervés, nain irascible, géante gourmande et magicien flegmatique, sorcière serviable ou bonne fée inutile et dépassée.

mercredi, octobre 08, 2008

Erik L'Homme : le Livre des Etoiles / les maîtres des brisants

Le Livre des Etoiles est la trilogie qui a rendu son auteur célèbre chez les amateurs de fantastique pour adolescents, dès son premier essai.

D'un classicisme certain, peut-être un peu trop, elle se situe quelque part entre les séries Ewilan et Tara Duncan (inférieure à la première et supérieure à la seconde), labourant le même terrain de jeu.

Elle est facile à lire, ni trop longue ni trop courte, sans temps mort, il n'y a pas trop de personnages et leurs noms se mémorisent facilement.

Elle pêche toutefois un peu par manque d'originalité et d'humour.

On retrouve la magie avec rituels, incantations et postures compliquées, et le héros est évidemment un jeune sorcier en apprentissage, on retrouve de jolies cartes imaginaires de l'ile d'Ys habitée par les héros, ainsi qu'une carte du Monde Incertain où ils passent grâce à la magie pour risquer leurs jeunes vies et sauver leur monde.
On retrouve l'habituel groupe d'ados, garçons et filles, qui découvrent la force de l'amitié dans l'adversité, les joies et les chagrins des inclinaisons amoureuses, et les épreuves les souderont tout en les faisant grandir.


Il y a un méchant absolu, comme d'hab, qui va perdre à la fin. Chic.

Comme me le fait remarquer mon fils ainé, il y a des points de suspension à la fin du dernier tome et ça l'embête de pas savoir ce que vont devenir les héros une fois adultes, même si on se doute bien que Guillemot va devenir le plus grand sorcier de son temps, son copain le plus grand chevalier, etc

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Avec ce diptyque l'auteur lorgne cette fois du côté du space opera pour la toile de fond et de Jules Verne ou Stevenson pour l'atmosphère d'aventures maritimes.
Comme dans l'Ile au trésor un des méchants est cuisinier sur un vaisseau, et on ne compte plus les métaphores rappelant les récits de navigateurs du XIXe siecle, tempêtes, brisants, vaisseaux en perdition, abordages, affrontement de flottes ennemies.

D'un côté donc les gentils, issus d'une planète glaciale, avec une bonne tête d'occidentaux du nord et des habitudes et valeurs idoines (démocratie, liberté d'entreprendre très capitaliste, et armée inexistante, constituée quand besoin est de tous les braves capitaines indépendants que compte l'Empire).
De l'autre, les méchants, venus d'une planète désertique et brulante, avec une pas très bonne tête d'orientaux de style Huns, y compris le militarisme et l'esprit de conquête associé, plus la hiérarchisation toute anti-démocratique, avec grands chefs et chamanes associés pour le pire.

Les méchants vont ourdir un plan diabolique à multiples tiroirs, rusé autant qu'habile, paufiné et lancé deux décennies plus tôt, et qui va d'abord sembler piéger les imprévoyants gentils, avant de foirer entièrement par la faute d'un fameux capitaine à l'ancienne mode d'un très vieux vaisseau réservant des surprises, et surtout de trois ou quatre adolescents : une apprentie devineresse, un apprenti pilote issu de la Haute, un apprenti cuisinier issu du bas peuple, et dans le second tome s'y ajouteront une cousine teigneuse du jeune noble et une copine devineresse opiniatre de la première.
Des stagiaires...
qui sauvent un empire, défont une flotte ou organisent la résistance comme en 1940, mais à l'échelle d'une planète.
comme fils ainé actuellement en 3e le sera 3 jours durant (stagiaire) mais probablement avec moins de risques et de gloire à la clé.

Mais si on oublie l'invraisemblance habituelle des livres pour jeunesse où des ados de 12 ans jouent des rôles plus habituellement dévolus à Rambo ou Superman, on se trouve en face d'une histoire très plaisante et prenante, et nettement plus originale que la trilogie ci-dessus. Mais elle a probablement moins de succès car surfant moins sur la mode du fantastique Harry-Pottérien.