jeudi, octobre 04, 2007

Clandestin d'Eliette Abécassis

M'a fait penser à certains livres très légers de Madame Nothomb : écrit vite, et encore plus vite lu.
Plutot une longue nouvelle étirée, qu'un vrai roman.
La rencontre amoureuse (et improbable) d'une jeune énarque pas très bien dans sa peau de fonctionnaire insensible, et d'un clandestin mal dans notre beau pays qui ne veut pas de lui.
Dans un train et sur un quai de gare.
où ça finit mal, de manière un peu exagérée.
Si le discours humaniste est (forcément) bienveillant, le discours sur les sentiments amoureux est plutot convenu.
Gide disait que c'est avec les beaux sentiments qu'on fait de la mauvaise littérature. Bien qu'il ne soit pas vraiment mauvais, ce livre n'était pas vraiment indispensable non plus. Sauf peut-être pour montrer en couverture le très beau visage de l'auteure.

lundi, septembre 03, 2007

Elizabeth George




A la différence des séries policières d'un Connelly ou d'un Mankell, je ne lis les romans policiers d'Elizabeth George - avec plaisir quand même - que lorsque je n'ai plus rien à lire ou beaucoup de temps de libre.

Et sans chercher à tous les lire.




La faute à des personnages récurrents trop caricaturaux et manquant de profondeur par rapport à un Harry Bosch ou un Wallander.

Lynley l'aristo beau et élégant et Barbara la grosse laide prolo, ne sont pas loin de former le couple le plus facile de la littérature policière.




Helen, Deborah, St James sont moins archétypaux mais pas franchement plus originaux.

Du coup je ne m'attache pas assez à eux pour vouloir savoir absolument ce qui leur arrive d'un livre à l'autre.





Ce qui est dommage car l'auteure a un indéniable talent pour les intrigues policières.

Un gout prononcé pour le crime sordide et ignoble mais c'est un peu la loi du genre du roman noir.



Elle évite les écueils de l'ennui ou de la surenchère, des réflexions idiotes ou des idées fausses.

Mais sans ces éclairs de pensée, ces considérations philosophiques originales, ces réflexions profondes éparpillées pour le plaisir et l'amélioration du lecteur au milieu des polars de Vargas, Connelly, Lehane ou Mankell.



Un bon auteur de romans policiers donc mais pas un grand écrivain.
(Sans vouloir vexer la dame, de toute façon je serais bien incapable d'écrire un de ses romans).

dimanche, septembre 02, 2007

la princesse qui n'avait plus rien, de Shannon Hale


Un vrai petit bijou qui a enchanté fifille et moi.

Qui démontre avec éclat que les assauts d'imagination délirante dans les monstres, les mondes, les espèces étranges, les péripéties abracadabrantes ne sont pas le gage de plaisir de lecture, et que savoir raconter une histoire n'a rien à voir avec essayer de surenchérir constamment sur les mythologies du seigneur des anneaux et d'harry potter, comme s'entêtent à le faire des séries trèèèss fatiguantes comme tara duncan ou peggye sue et les fantomes.

On peut écrire un magnifique roman, y compris fantastique, avec simplement des hommes, des chevaux et des oies, deux royaumes, et une seule héroïne plutot qu'une bande de 4 ou 5 héros teenagers sans profondeur mais avec des pouvoirs à n'en plus savoir qu'en faire.

La princesse qui n'avait plus rien a bien un don magique, mais pas tapageur ni belliqueux, celui de savoir écouter les animaux et la nature longtemps et avec attention, jusqu'à finir par les comprendre et pouvoir communiquer avec eux. Là s'arrête le fantastique et il est à la fois apport léger et indispensable à l'histoire de cette enfant puis jeune fille victime d'une ingénieuse machination qui la dépouillera de tout et presque de sa vie.
Comme un conte de fées moderne et un roman initiatique elle parcourera un long chemin détourné qui lui fera découvrir ses forces cachées et la sagesse, puis l'amour et enfin la justice et le bonheur.

samedi, septembre 01, 2007

les enfants de la lampe magique de P.B. Kerr



La dernière série à la mode à la maison, les deux enfants l'ont lue avec entrain, moi ensuite, avec un entrain déclinant au second tome.

Les aventures de deux jeunes jumeaux qui découvrent qu'ils sont des djinns, des djinns gentils, hein, forcément, qui vont participer de près à la lutte secrète qui opposent les bons et les mauvais djinns, et dont le bonheur et le malheur des humains dépendent.


J'ai un faible pour les djinns, dans la littérature fantastique, grâce au célèbre poême de Victor Hugo, et à quelques histoires tirées des mille et une nuits que je connais, bien que disney ait pas mal martyrisé les contes de génies et de lampes.
A la limite Kerr est coupable du même défaut, avec ces deux jeunes new-yorkais occidentalisant le récit.
Le mystère et le dépaysement des esprits du désert en souffrent, reste une série d'intrigues, d'énigmes et d'aventures classiques et distrayantes.

On se déplace en tornade, on installe un intérieur très petit bourgeois dans des lampes magiques, on exauce 3 voeux à des humains qui invariablement les gaspillent stupidement, on ouvre des caveaux egyptiens ou des palais babyloniens, on échappe à des ptérodactyles ou des serpents géants, on lance des sorts, on sauve sa soeur ou son oncle de destins funestes.
La routine du fantastique pour les ados.

mercredi, août 29, 2007

Memory Park de Fabrice Colin

Un génocide en 2019 en Poldavie. Pavel est un des survivants. Quelques années plus tard le nouveau gouvernement décide d'effacer leur mémoire, afin d'effacer cet épisode peu glorieux du pays.

Un fourre-tout avec une pincée d'époux Ceausescu, un peu de camps nazis, un zeste de négationnisme turc, une grosse dose de Rwanda transposée du côté de l'Ukraine, personnellement je ne trouve pas que cela fasse un livre.

Le côté SF tient à rien puisque pavel échappe à l'effaceur de mémoire, et que les films témoignages sur les camps grâce à une caméra planquée dans une lentille auraient pu être obtenus avec une bête caméra sans changer grand chose à l'histoire.

Pour les djeuns qui auraient besoin d'une initiation aux notions de génocide, de responsabilité collective, de devoir de mémoire versus négationnisme et révisionnisme, c'est parfait. Pour un adulte c'est assez agaçant ce patchwork de déjà-vu.

dimanche, août 19, 2007

Mécaniques fatales de Philip Reeve


Une idée de base originale et séduisante :

dans un lointain futur les villes, telles Londres, sont devenues mobiles (montées sur d'énormes chenilles) et chassent les villes plus petites pour les dévorer.
Ailleurs les partisans de l'immobilité se protègent derriere un bouclier qui résiste depuis des siecles. Mais l'équilibre des forces devient caduque avec la redécouverte d'une des armes qui ont conduit jadis la terre à l'apocalypse.

un manichéisme plus nuancé, qu'on ne trouve pas dans tous les romans ados : les "méchants" ont aussi leurs raisons d'agir, et ils ont parfois également des enfants, qui les admirent. Jusqu'au jour où...

Un bon roman pour les ados et préados (et aussi pour leur papa)

mercredi, juillet 04, 2007

Un rude hiver, de Raymond Queneau


C'est un classement illusoire mais si on me pose une question idiote du genre, je réponds que c'est celui-ci mon livre préféré de mon auteur préféré.

Un peu par provocation car le livre est peu connu et l'auteur souvent mal connu, il est vrai qu'il n'est pas facile à cerner, avec son habitude d'écrire des livres le plus totalement différents les uns des autres, et de faire nombre d'expérimentations littéraires.
Malgré tout il jouit auprès d'un certain nombre de happy few d'une réputation certaine, aussi bien l'auteur que ce livre-là :

"Il ne se passe apparemment pas beaucoup de choses dans Un rude hiver : un réactionnaire plein de rancoeurs va déjeuner chez son frère, se promène au bord de la mer avec une Anglaise en uniforme, et emmène au cinéma deux enfants qu'il a rencontrés dans un tramway. La première fois, je me suis émerveillé de cette histoire tranquille en me demandant comment elle faisait pour m'émouvoir. Depuis, à chaque relecture, je découvre un détail auquel je n'avais pas prêté attention.
... de surprise en surprise, de découverte en découverte, Un rude hiver, pour moi, s'achemine doucement vers l'inépuisable
" (Georges Pérec)

Je n'aurais pas mieux dit, et moi aussi je l'ai lu un certain nombre de fois, sans vraiment réussir à comprendre à quoi tient son charme, sinon que ce roman représente pour moi la quintessence de la littérature, comme Art de transfigurer le banal en quelque chose d'Autre et d'utiliser les mots comme un peintre use de touches de couleurs pour construire son tableau.
Du fait même de sa relative brièveté il montre mieux que d'épais romans à quel point chaque mot participe d'un tout et est pensé et réfléchi par l'auteur pour un effet bien défini sur le lecteur. A ce niveau de perfection il n'y a pas un mot qui pourrait être oté ou rajouté au texte sans que l'ensemble en souffre.
Seulement tout se joue sur la forme, et un lecteur qui lit ça entre un thriller à suspense et le dernier témoignage à la mode, ne verra pas le moindre intéret à cette histoire volontairement simple.
Queneau ne tenait certainement pas à ce que l'intelligence du lecteur soit occupée à trouver le coupable d'un crime ou savoir si le héros va sauver le monde à la fin du livre, mais occupée à s'interroger sur la manière dont l'histoire est contée.

vendredi, juin 22, 2007

Quatre soeurs, de Malika Ferdjoukh


Les quatre soeurs en question sont cinq, comme les trois mousquetaires étaient quatre, mais la tétralogie est plutot un croisement entre les quatre filles du dr march et Ensemble c'est tout, tirant aussi sur le conte de fées avec les fantômes des parents morts dans un accident de voiture rendant des visites impromptues à leurs filles lorsqu'elles ont bien besoin d'un conseil ou d'un soutien, et cette happy end tellement happy que c'en est presque gênant (j'aime bien croire aux histoires qu'on me raconte et j'aime encore plus qu'elles finissent bien mais si c'est trop happy, j'y arrive moins).


A ma première tentative je n'avais pas réussi à entrer dedans et je me demande encore pourquoi, tellement ce fut facile la seconde fois. Cela mélange les rires et les larmes comme une autre tétralogie adolescente Quatre filles et un jean. J'ai ri souvent aux dialogues savoureux et insolents de ces jeunes originales et manqué pleurer lorsque Bettina s'est aperçu que par bêtise elle avait perdu l'amour d'un garçon dont elle était tombée amoureuse trop tard ou que la courageuse Muguette n'a pas triomphé de sa leucémie.

Le texte est émaillé de trouvailles de style, de jeux de mots drôles ou poétiques, de personnages ridicules et de personnages adorables, de situations cocasses et de situations dramatiques, de prénoms et de patronymes déjantés (d'Enid Verdelaine à Béhotéguy Permoullet en passant par Tancrède et Jupitère).

On peut trouver également des ressemblances avec une autre tribu farfelue, celle des Malaussène, mais aucune de ses filiations ne gâchent le plaisir de la lecture.


Tout cela se rattache à un courant de réalisme fantastique qui me parait bien à la mode (mais ne boudons pas notre plaisir), ici une histoire solidement ancrée dans le quotidien d'un bord de mer qu'on imagine breton, avec ses fêtes d'école, ses campings à la ferme, ses goutieres se remplissant de détritus portés par le vent, mais avec ces pointes de délires fantastiques, le gnôme de la chasse d'eau qui cause à la plus jeune soeur, ou bien sûr les parents fantômes qui tantôt apparaissent en tenue de sports d'hiver comme si on faisait du ski au paradis, ou n'apparaissent pas, trop occupés à faire signer une pétition sur les conditions de travail au purgatoire.

jeudi, juin 14, 2007

l'histoire de Merle, de Kai Meyer


Les auteurs jeunesse allemands doivent avoir une prédilection pour Venise.
Comme Cornelia Funke, Kai Meyer situe sa trilogie à Venise.

Une Venise reconnaissable, avec sa lagune, ses vieux palais, ses iles et ses canaux, mais dans un monde alternatif et fantastique, où la sérénissime est encerclée par les armées de momies du pharaon ressuscité, ses prêtres d'Horus et ses sphinx, protégée par la reine des eaux,
un monde où des savants ont découvert que l'Enfer existe bien sous terre,
où le souvenir des empires subocéaniques reste vivace sous la forme de sirenes, de sorcieres des mers et de sous-marins.

Une Venise dont les célèbres lions de pierre ne sont pas des statues mais des êtres vivants, parlants et volants.

Merle est une orpheline, qui sauve la reine des eaux, et part sauver le monde sur le dos d'un lion de pierre.

Sa quête l'emmènera en Enfer, en Egypte dans la forteresse des sphinx, et dans le monde des miroirs, ce monde qui donne accès à tous les autres mondes,
accompagnée d'une orpheline aveugle dont les yeux sont remplacés par des miroirs pour voir dans les autres mondes, par une sirène à qui une sorcière des mers a remplacé la queue de poisson par des jambes, et par un jeune maitre voleur qui lui fera découvrir l'amour avant de se sacrifier pour elle.
Une trilogie fantastique très classique mais agréable.

lundi, juin 11, 2007

Journal d'une princesse, de Meg Cabot


F : - c'est quoi cette c... que tu es en train de lire ? de la collection Harlequin ?
I : - tu connais beaucoup de collection Harlequin qu'on lit en riant pendant 2 heures ?
F : - pourquoi pas, en lisant au 4e degré

Le sujet est ridicule d'accord, et digne de Harlequin, sans conteste. (une adolescente new-yorkaise apprend qu'elle est princesse héritière d'une principauté européenne ressemblant à celle de Monaco)
Mais le moins qu'on puisse dire c'est que le sujet est détourné de toutes les manières possibles (plus quelques autres impossibles à priori).
Alors oui je rigole, et je vais aller chercher les tomes suivants à la bibliothèque.

vendredi, juin 08, 2007

La femme en vert, d'Arnaldur Indridason


fashion victim m'a donné envie de découvrir cet auteur islandais de romans policiers. J'espérais trouver un nouvel Henning Mankell, et s'il y a des parentés entre ces deux mondes froids, celui de l'Islande et celui de la Suède, et entre leurs deux policiers, sombres et blessés, il y a bien plus de différences, finalement.
Arnladur a le don pour raconter des histoires, parfois il s'agit bien moins d'une enquête policière que d'histoires qu'on se raconte au coin du feu les nuits de tempête;
pas des histoires gaies, des histoires assez affreuses même, mais qu'on écoute bouche bée en frissonnant parfois.
L'histoire du policier, la mort de son petit frère dont il se sent coupable, l'échec de son couple, l'abandon forcé de ses propres enfants, la déchéance de sa fille, la mort à nouveau, du bébé qu'elle porte.
L'histoire d'un cadavre retrouvé 60 ans après son enfouissement, racontée un peu suivant le principe de la double hélice d'adn, un brin remontant du présent vers le passé en suivant le fil difficile de l'enquête, un brin partant des évènements plus anciens encore ayant conduit au drame, les deux brins se rejoignant finalement dans l'explication finale, lorsque la Vérité apparait en pleine lumière.
L'apaisement ressenti en refermant le livre fait songer au final d'Electre :
"Comment cela s'appelle-t-il, quand le jour se lève, comme aujourd'hui, et que tout est gâché, que tout est saccagé et que l'air pourtant se respire, et qu'on a tout perdu, que la ville brûle, que les innocents s'entretuent, mais que les coupables agonisent dans un coin du jour qui se lève ? "
Le malheur a frappé les corps et les âmes, femmes et enfants confondus, longuement et sauvagement, mais justice a été rendue, d'une manière ou d'une autre, et quelques uns ont été sauvés.

jeudi, juin 07, 2007

Les Contemplations, Victor Hugo


J'ai surtout lu et étudié le livre IV, celui des poèmes consacrés à la mort de sa fille.
J'avais presque 20 ans (et comme Nizan, je ne laisserai personne dire que c'est le plus bel âge de la vie), pas d'enfant et pas de prévision d'en avoir un jour, sauf à innover en me passant d'aide féminine, et pourtant la douleur de ce père-là m'a touché profondément.

Les 10 000 vers des Contemplations ne sont pas tous beaux, pas tous inoubliables, loin s'en faut, mais peu de recueils contiennent un tel nombre de vers émouvants. (c'est subjectif, j'en ai conscience).

Puisque mon coeur est mort, j'ai bien assez vécu.

Je ne me tourne plus, même quand on me nomme

On ne peut distinguer, la nuit, les robes bleues

Des anges frissonnants qui glissent dans l'azur


Et mon coeur est soumis mais n'est pas résigné


Et l'on voit sur le bord de la mer

Fleurir le chardon bleu des sables


Il n'avait qu'à me laisser vivre

Avec ma fille à mes côtés


Je n'étais jamais gai quand je la sentais triste


Pourquoi m'as-tu pris la lumière

Que j'avais parmi les vivants


Et n'être qu'un homme qui passe

Tenant son enfant par la main


Oh ! l'herbe épaisse où sont les morts


C'était le bonheur de ma vie

De voir ses yeux me regarder


Où la morte au front pâle est comme un lys vivant


Aussi bien, sans être philosophe, Victor Hugo développe une philosophie complexe au travers de poèmes métaphysiques, que l'on m'a faite étudier et que je serais bien en peine d'expliquer maintenant, mais une philosophie duelle où règne le contraste de l'obscurité et de la lumière, contraste qui donne sa puissance à son style fait de fulgurances et de noirceurs, aussi bien dans ses vers que dans ses dessins, moins connus.

Elles sont les blancheurs suprêmes
De tout le sombre gouffre humain

Guider les foules décrépites
Vers les lueurs de l'horizon

Chaque rayon d'en haut est-il un fil de l'Ombre ?

O vivants, serions-nous l'objet d'une dispute
Deux joueurs effrayants apparaissent dans l'Ombre



Mais que ce saphir sombre est un abîme obscur

Nous ne voyons jamais qu'un seul côté des choses
L'autre plonge en la nuit d'un mystère effrayant

Dans l'Ombre où l'on dirait que tout tremble et recule



mardi, juin 05, 2007

la faim, de Knut Hamsun


Je n'ai pas lu ce livre dans l'édition actuelle et d'ailleurs je n'aime pas du tout cette couverture trop mignonne, presque une insulte à un tel livre. D'accord le chapeau haut de forme renvoie à l'époque (fin XIXe) à laquelle il a été écrit, mais donne une image biaisée à mon avis du personnage central et quasi unique du livre. Qui est plus un documentaire qu'un roman.

Quand je l'ai lu, je pensais naïvement que les sdf, les gens qui tombent peu à peu dans l'indigence à partir d'une situation à priori "normale", étaient une invention récente, et voila que je croisais leur ancêtre d'un siecle plus tôt, mais étonnamment moderne.
Ce texte aurait pu décrire tout aussi exactement une des nombreuses victimes actuelles de la lente agonie de l'économie occidentale, à moins que l'économie occidentale soit florissante sur les cadavres de milliers de laissés-pour-compte du même genre, je ne sais pas.
Pas de fioriture dans ce livre, pas de poésie, pas non plus de politique, de revendications, seulement le combat épuisant et la lente déchéance d'un homme seul, possédant pourtant une instruction certaine, mais ne parvenant plus à subvenir à ses besoins les plus immédiats : manger, se vêtir, rester propre et présentable, indispensable sésame pour avoir un espoir de s'en sortir, et revenir dans le monde des vivants, cad de ceux qui ne se demandent pas où ils vont trouver leur prochain repas.
Le titre sobre et choc montre bien quel est le sujet central du livre, tableau clinique de toutes les affres, tous les désordres, toutes les conséquences de la faim quotidienne, jusqu'à l'abandon de toute dignité, de toute espérance, et de la raison elle-même. Un livre que j'ai lu en ressentant constamment une douleur dans le ventre, mais que je conseille pourtant car lire celui-ci ou un autre sur le même sujet, me parait indispensable pour ne pas oublier quelle est notre chance de ne pas connaitre la faim.

samedi, mai 26, 2007

série Cadfaël, d'Ellis Peters



Exercice périlleux que de vouloir parler d'une série policière certes attachante mais pas totalement inoubliable dans tous ses détails, et dont j'ai lu le dernier exemplaire il y a peut-être bien dix ans.

Mais aelys a réveillé quelques souvenirs.

ça se passe en angleterre au moyen-âge, dans une petite cité et une abbaye voisine, mais aussi souvent dans les environs proches ou lointains,



il y a bien entendu des morts ou disparitions mystérieuses, on hésite tout le long du livre entre divers suspects et on se trompe toujours, sauf le frère Cadfaël, qui est une sorte d'ancêtre des Experts Las Vegas.

Je ne me souviens plus trop des enquêtes et des intrigues.
Ce dont je me souviens c'est qu'ils étaient heureux Les yeux au fond des yeux Et c'était bien et c'était bien
(sorry, le petit bal perdu aussi me revient en mémoire, l'âge, que voulez-vous)

oui alors les deux choses qui me plaisaient le plus dans ces petits romans policiers un peu tous semblables, mais c'est justement ce qu'on recherche dans les séries, c'était :



# les deux jeunes premiers, mignons comme tout, amoureux, mais un peu comme roméo et juliette avec des petits soucis pour s'aimer tranquillement, frère cadfaël les prend sous son aile, et en résolvant les mystères, il permet à leur amour d'éclore. Roméo et Juliette aurait du faire appel à frère Cadfaël. D'un livre à l'autre les deux jeunes premiers changent de prénoms, voire de couleurs de cheveux, mais guère plus. Cela reste toujours attendrissant pour les lecteurs un peu fleur bleue.

# la guerre civile : on se croirait dans les drames historiques de Shakespeare, des puissants plus ou moins apparentés s'opposent pour conquérir le trône d'Angleterre.
Frère Cadfaël a un jeune ami noble qui est impliqué dans cette guerre mais avec noblesse, courage et sens de l'honneur bien entendu. Hugh, c'est son prénom, forme avec Cadfaël un duo complémentaire (fougue d'un côté, sagesse prudente de l'autre) qui a certainement inspiré nombre de duos de flics du cinéma américain. Peut-être.



On suit les intrigues de la politique avec plus de plaisir encore que celles des meurtres, et dans les deux cas avec des plans et des cartes soigneusement dessinées. C'est un peu ce qui manque dans Richard III, Henri VI et consorts, des cartes dessinées par William pour suivre l'action. Mais je m'égare.

Bon, tout ça m'a donné envie d'en relire un (parmi la vingtaine existant).

Le fantôme et Mrs Muir, de R.A. Dick


Difficile de faire la critique du livre d'où a été tiré un de mes films cultes.
Il possède le même charme indéfinissable que le film, humour léger, poésie diffuse, atmosphère nostalgique et légèrement surannée.
Pas un chef d'oeuvre de la littérature mais un délicat ouvrage de dame (pas dans le sens péjoratif mais parce qu'après avoir lu le livre j'ai découvert que R.A. Dick est un pseudonyme pour Josephine Aimee Campbell Leslie (1898-1979) dont je suppose que c'est une femme, bien que n'ayant trouvé aucune information supplémentaire.)

Ceux qui ont vu le film, assez fidèle, connaissent déjà l'histoire : En 1900, en Angleterre, une jeune veuve, étouffée longtemps par une belle-famille fossilisée, découvre la liberté en allant habiter avec ses deux enfants, contre toute attente, une petite maison originale de bord de mer...et hantée par un fantôme de marin aux idées en totale opposition avec la morale et l'hypocrisie victorienne de son temps.
Une histoire d'amour non-dite s'étendra sur plusieurs décennies, entre la jeune veuve et le vieux marin bourru autant que décédé.

mercredi, mai 23, 2007

Kenneth Oppel




Des héros chauve-souris, bon d'accord c'est pas très esthétique mais pourquoi pas, me suis-je dit après avoir fini une autre série (la guerre des clans,critique à venir, en attendant j'en parle déjà ) où des chats sauvages tenaient le haut du pavé, parlaient, aimaient, se battaient, vivaient des aventures multiples zet variées.
Ici aussi sauf que c'est plus souvent la nuit que le jour et plus souvent en l'air que sur la terre ferme.
La trilogie se lit comme du petit pain, pleine de rebondissements, de joies, de peines, d'angoisses, de séparations et de retrouvailles, éloge à l'amitié, l'amour, les liens parents-enfants, la paix, le courage et la curiosité.
Commencée un peu comme une aventure d'indiana jones au pays des chauves-souris, la série vire métaphysique avec l'affrontement de deux dieux jumeaux aux faux airs d'Osiris et Seth, et de deux conceptions de la vie : "tu ne tueras pas point" versus "les forts doivent dévorer les faibles", puis mythologique nous rejoue la descente d'Orphée aux Enfers, version un papa chauve-souris allant rechercher dans le monde souterrain son fils, et tragique quand il s'y suicide pour permettre à la chair de sa chair de revivre. Final très impressionnant quand on est soi-même papa.
Fifille (11 ans) a lu la série aussi, mais pas fiston (13 ans).
Malgré quelques temps morts, une série à conseiller à vos enfants ou à lire vous-mêmes.

samedi, mai 19, 2007

un peu plus loin sur la droite de Fred Vargas


Fred Vargas ne fait pas dans la séduction facile.

Pas de couleurs pastels et de jolis yeux ou des photos léchées d'enfants, elle n'est pas Marc Lévy.
Couverture noire, pittbull agressif, rien pour attirer au premier abord la ménagère de moins de 50 ans qui confond sensibilité et sensiblerie.
Et pas tout à fait non plus de quoi attirer l'amateur d'horreur à la stephen king, à cause des titres énigmatiques et déroutants, des titres plutôt tranquilles finalement, qu'affectionne la dame.
Et le contenu ne ressemble ni à l'un ni à l'autre.

Erudition discrète, philosophie de la vie originale, mystères complexes, on y trouve pourtant largement de quoi se satisfaire.
On s'aperçoit ensuite que l'intéret de ses romans ce sont ses personnages jamais lus ni rencontrés ailleurs, étranges et si humains à la fois, que l'on retrouve de livres en livres.
Dans celui-ci il n'y a pas le commissaire Adamsberg, héros principal de plusieurs autres enquêtes, mais 4 ou 5 personnages, secondaires ailleurs, placés sur le devant de la scène ici, éclairés différemment mais toujours eux-mêmes. Ils me font penser aux personnages lunaires, féériques et pourtant terriblement vrais d'Anna Gavalda, une Anna Gavalda qui se serait mise au roman noir.
Mais noirceur et légèreté y cohabitent comme dans la vie. Comme dans la vie, l'âme humaine atteint des profondeurs de méchanceté et de cruauté ou bien s'élève à la compassion, la bonté, le sacrifice. Fred Vargas touche tout, l'intelligence et le coeur.
(bon j'en fais peut-être un peu trop mais c'est pour que ce soit clair que j'adore)

vendredi, mai 18, 2007

M. Pickwick de Dickens

C'est un de mes meilleurs souvenirs de lecture : je n'avais pas encore 18 ans, je découvrais tout à la fois la prépa, la vie loin de mes parents dans un internat, la cohabitation avec un camarade du même âge. Passé les premières semaines, les bizutages et l'adaptation nécessaire, je repris mon rythme habituel (un peu de boulot, beaucoup de lecture).
Les soirs je dévorais les papiers du Pickwick club, éclatant de rire toutes les 2 pages, faisant sursauter mon cothurne bossant maths, physique, etc, et l'agaçant pas mal, je le crains.
Il ne partageait pas mon gout pour la lecture, et travaillait 2 fois plus que moi pour un moindre résultat. Heureusement j'ai fini M. Pickwick avant qu'il ne songe à m'étrangler et mes lectures suivantes furent plus discrètes. On s'est séparés soulagés à la fin de l'année scolaire, j'ai totalement oublié comment il pouvait bien s'appeler, mais pas le plaisir de mon premier contact avec Dickens.

lundi, mai 14, 2007

le prince des voleurs de Cornélia Funke


Voila un honnête livre pour préados.
L'auteur est allemande et très connue outre-rhin. Beaucoup moins ici.
Comme dans la plupart des livres se passant à Venise, la ville est un personnage à part entière apportant une plus-value à l'intrigue par sa magie, sa magnificence passée, son labyrinthique décor fait d'eau et de pierre, de palais en ruines et de logis insalubres. Une petite troupe d'enfants des rues lorgne du côté du Londres de Dickens tandis qu'un mystérieux manège capable de vieillir ou de rajeunir ceux qui osent monter dessus recouvre le tout d'une légère couche de fantastique.

jeudi, mai 10, 2007

la nuit du renard, la clinique du docteur H , de Mary Higgins Clark



j'ai essayé cette auteur (trop) célèbre par affection pour une cops qui en est fan. Je comprends qu'on puisse apprécier mais je n'aime pas énormément les personnages riches, beaux, plus portés sur l'action que sur l'introspection et sans problèmes psys, alors forcément j'accroche moins. (ils me fichent des complexes surement).
(à ma copine ça peut pas lui en donner)

Bon alors j'espère qu'elle ne passera pas par là mais entre nous je vous déconseille MHC

dimanche, avril 29, 2007

Pourquoi j'ai mangé mon père, de Roy Lewis


idée de lecture trouvée sur un forum, je n'ai pas regretté de le lire, même si je n'étais pas écroulé de rire, j'ai souvent souri à cette vision raccourcie en quelques années et sur une seule petite tribu d'homo erectus, des diverses étapes de toute l'humanité sur quelques milliers d'années, de la découverte du feu jusqu'à l'invention de l'arc et de l'exogamie.
Conseillé à tous ceux qui n'ont pas envie de passer 500 heures sur la série préhistorique de Auel. Là une heure et demi suffit si on lit vite.

jeudi, avril 26, 2007

le chateau de Cassandra, de Dodie Smith

A force de fouiner dans les rayons jeunesse (moins de 16 ans) de la bibliothèque, je fais des découvertes. La 4e de couverture parle d'un best seller dans les pays anglo saxons en 1949, de chateau romantique, d'une famille bizarre autant que pauvre, de jeunes riches américains, le tout par l'auteur des 101 Dalmatiens. Ce dernier point me ferait plutot fuir, mais le reste éveille ma curiosité.
Je le dévore, m'étonnant au passage que des moins de 16 ans puissent le lire et l'apprécier, c'est une sorte de journal intime écrit par une romantique adolescente nourrie au romans des soeurs Bronté et de Jane Austen, c'est émouvant, divertissant, enthousiasmant même parfois, touchant toujours.

mardi, avril 24, 2007

anne perry






encore une série policière que j'aime bien. En fait Anne Perry est l'auteur de 2 séries policières, l'une plus lumineuse et gaie, Charlotte et Thomas Pitt (relativement, c'est quand même des polars avec des meurtres dans tous les coins), et l'autre série, que j'affectionne plus, (celle de l'inspecteur amnésique William Monk) plus sombre, hantée par la fatalité et sinistre (comme je les aime, quoi).
Ils me plaisent bien les personnages de l'angleterre victorienne et son atmosphère, un bémol toutefois : chez Anne Perry les fins sont étrangement décevantes et baclées, les surprises finales souvent peu convaincantes. Faudrait envoyer madame Perry à un stage d'écriture de fins de romans.

jeudi, avril 19, 2007

Arthur Upfield





L'avantage de ne pas avoir surveillé les dernières parutions depuis longtemps c'est qu'on découvre (à Super U, pour changer) des nouveaux tomes de séries qu'on regrettait d'avoir terminées trop vite. Je les ai toutes lues les enquêtes de Bony, le métis aborigène qui chasse le criminel australien avec la même ténacité et intelligence que les autres enquêteurs. (à quand un polar dont le héros est un policier particulièrement nul ? )
Moins sombre et introspectif que les policiers habituels, Bony est un vieil ami qui nous emmène dans une région du monde dépaysante autant que distrayante, avec des personnages secondaires émouvants et sympathiques à qui on enverrait bien des bisous virtuels.
Souvent, même les meurtriers sont sympas chez Arthur Upfield.

plus de 20 enquêtes chez 10/18