mardi, juin 05, 2007

la faim, de Knut Hamsun


Je n'ai pas lu ce livre dans l'édition actuelle et d'ailleurs je n'aime pas du tout cette couverture trop mignonne, presque une insulte à un tel livre. D'accord le chapeau haut de forme renvoie à l'époque (fin XIXe) à laquelle il a été écrit, mais donne une image biaisée à mon avis du personnage central et quasi unique du livre. Qui est plus un documentaire qu'un roman.

Quand je l'ai lu, je pensais naïvement que les sdf, les gens qui tombent peu à peu dans l'indigence à partir d'une situation à priori "normale", étaient une invention récente, et voila que je croisais leur ancêtre d'un siecle plus tôt, mais étonnamment moderne.
Ce texte aurait pu décrire tout aussi exactement une des nombreuses victimes actuelles de la lente agonie de l'économie occidentale, à moins que l'économie occidentale soit florissante sur les cadavres de milliers de laissés-pour-compte du même genre, je ne sais pas.
Pas de fioriture dans ce livre, pas de poésie, pas non plus de politique, de revendications, seulement le combat épuisant et la lente déchéance d'un homme seul, possédant pourtant une instruction certaine, mais ne parvenant plus à subvenir à ses besoins les plus immédiats : manger, se vêtir, rester propre et présentable, indispensable sésame pour avoir un espoir de s'en sortir, et revenir dans le monde des vivants, cad de ceux qui ne se demandent pas où ils vont trouver leur prochain repas.
Le titre sobre et choc montre bien quel est le sujet central du livre, tableau clinique de toutes les affres, tous les désordres, toutes les conséquences de la faim quotidienne, jusqu'à l'abandon de toute dignité, de toute espérance, et de la raison elle-même. Un livre que j'ai lu en ressentant constamment une douleur dans le ventre, mais que je conseille pourtant car lire celui-ci ou un autre sur le même sujet, me parait indispensable pour ne pas oublier quelle est notre chance de ne pas connaitre la faim.

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