
Un diptyque plutôt original dans la littérature jeunesse, habituée à labourer les même sillons.
D'ailleurs pas certain que ce soit à ranger en littérature jeunesse, en dehors du fait que les héros soient relativement jeunes.
Original au sens où l'atmosphère sombre et brumeuse le rattache à la lignée des romans gothiques anglais, les Hauts de Hurlevent ou le chateau de Cassandra,
et par le genre, qui le rattache à la fois au réalisme fantastique et aux Uchronies.
Le réalisme fantastique est un genre dans lequel le fantastique est comme pour ainsi dire laissé à la libre interprétation du lecteur : l'auteur ne relate pas directement des faits fantastiques mais des personnages des livres y croient. Par exemple ici la légende des avias, être à moitié humains à moitié cygnes. Superstition ou réalité du monde décrit ? Fifille qui a lu l'ensemble a considéré qu'il s'agissait bel et bien d'une réalité, tandis que j'ai opté pour l'inverse : Leah n'est pas une avia, elle croit l'être et scuff ou aggie le croient aussi mais rien dans le roman ne permet de trancher.
L'uchronie est un univers décalé par rapport au notre, comme si à une certaine époque il avait divergé du notre. Ici bien des détails sont proches de notre monde tandis que d'autres sont radicalement différents. On pourrait ainsi se croire dans une Angleterre à moitié coincée dans une sorte de Moyen-Âge préscientifique à cause d'une religion qui n'existe dans notre monde qu'à l'état de traces superstitieuses rurales : Une religion qui fait des oiseaux des dieux, des démons ou des intermédiaires entre le monde mortel et les mondes divins ou démoniaques. Des oiseaux qui sont des bons présages ou de mauvaises augures dont on tente de se protéger par des talismans ou des prières. Dans ce monde le pouvoir appartient à un personnage très lié à la religion et étouffant les libertés.
Les deux romans sont également initiatiques (les héros apprennent la vie au travers d'épreuves, et découvrent les secrets de leurs origines), et religieux et politiques (des rebelles mystérieux luttent contre le pouvoir théocratique et autocratique et réussiront par le détruire).
Le personnage central et narratrice du premier tome est Aggie. L'histoire se passe dans un domaine à la réputation inquiétante, isolé du village par la lande sauvage. Une toute jeune fille, Agnès Cotter, engagée comme demoiselle de compagnie de Leah, la fille du Maître. Le Maître, un homme puissant devenu invalide suite à un accident, brisé par le décès de son épouse, ancien membre du gouvernement en place. Un intendant retors, à la fois séduisant et habile, qui fait la loi et dicte sa conduite morale à chaque employé. Et un mythe ancien, celui de l’existence des Avia, ces êtres mi-homme mi-oiseau… qui expliquerait la fascination de Leah pour les cygnes.
Celui de la Porte d'Ambre est Scuff qui ne se connaît pas d’autres noms que ce sobriquet et le numéro 102 marqué au fer rouge sur son poignet, preuve de son statut d'orpheline. Pourchassée par les soldats du Seigneur Protecteur et recherchée par les rebelles, elle n'est plus en sécurité au domaine de Murkmere où elle travaille depuis quelques années. Après un séjour dans la lande aux côtés d'Erland et un court passage dans une maison close, ses mésaventures la conduisent à la capitale dans les murs mêmes du palais. Là, elle retrouve Leah, fille du défunt maître de Murkmere et prisonnière du Seigneur Protecteur qui veut lui faire épouser son fils. En approchant la Porte d'Ambre, porte censée donner accès au paradis et considérée comme disparue, Scuff approche également de la connaissance de sa véritable identité.